Premiers mois d'hivernage

L’équipe de la TA69 - Crédits: Mervyn Ravitchandirane


Déjà trois mois que nous sommes en huis clos à DDU. Trois mois à vivre en communauté de 23 personnes, sans aucun visiteur mis à part quelques manchots, une "panthère" et Olivier Dubois (hivernant farceur qui rode sur la base mais que personne ne connait).
La vie en groupe s’est mise en place progressivement et tout en douceur. Chacun y a trouvé sa place. Certains s’occupent du service du café, d’autres de l’organisation des loisirs… Des petits groupes se sont formés en fonction des affinités et des loisirs de prédilection, sans jamais créer de scission au sein de l'équipe. C’est ce qui est agréable et qui je pense contribue à ce que l’ambiance générale reste au beau fixe.


Au début de l’hiver, nous avons beaucoup travaillé à la confection de cadeaux d’anniversaire durant les temps libres. En effet, nous avions 4 anniversaires à fêter en mars, 2 en avril et 3 en mai. Et ce ne sont pas les idées qui manquaient!

Un échantillon des cadeaux d'anniversaire
Heureusement que le bricolage est une activité très prisée à DDU car les promenades étaient limitées. En effet, nous avons subi une très grosse débâcle courant mars. La banquise qui était juste formée et nous laissait espérer de longues balades, mais également celle présente depuis plusieurs années derrière Pétrels et épaisse de plusieurs mètres, toute cette glace a été éclatée et emportée au cours d’une tempête.

Débâcle du 17 mars
Nous sommes donc restés cantonnés à Pétrels pour les sorties dominicales. Les températures douces (enfin tout est relatif!) et la succession de tempêtes nous ont privés de banquise solide pendant plusieurs semaines.

Mais il en faut plus pour attaquer notre moral! Soirées cinéma, soirées jeux, à thème, … sont venues embellir notre quotidien et casser un peu la routine Sorel-boulot-dodo (les Sorel sont nos chaussures fournies par l’IPEV, c’est donc un peu notre métro à nous).

Moumou la mouette, mascotte de la TA69, veille à illuminer nos soirées

Et bien entendu, l'équipe cuisine n'est pas en reste pour égailler le quotidien (et nos papilles...). Quoi de mieux qu’un bon repas pour remonter le moral des troupes! On peut dire qu’à ce niveau là nous sommes gâtés: Bertrand est le roi des poissons, des soupes et des assaisonnements; Tony lui est le maître des entremets et du chocolat. Un duo de choc qui nous habitue à la cuisine de luxe et risque de rendre le retour en France bien difficile.
Création de Pâques par Tony le pâtissier


Le mois de mai signait le retour de la banquise et de la liberté. Liberté conditionnelle toutefois car toute sortie est soumise à des règles strictes. La banquise est un environnement dangereux où le risque de chute n’est pas négligeable: glissade, chute dans l’eau peuvent arriver sans prévenir. 
Chaque sortie sur la banquise s’effectue à plusieurs (sauf exceptions, étudiées et approuvées par le Dista), avec communications par radio avec la base, sac « banquise » sur le dos, bâton de marche, et un oeil attentif sur les traces éventuelles de crevasses ou d’évolution de la météo
Sortie sondage de la banquise - crédits: Mervyn Ravitchandirane
Le « sac banquise » n’est ni plus ni moins qu’un sac à dos contenant des vêtements de rechange, à boire, à manger et du matériel de secours. Il permet d’agir vite en cas de chute dans l’eau car le froid ambiant rend le risque d’hypothermie très sérieux.
Ces sorties sont l’occasion de se dégourdir les jambes, de s’aérer un peu en quittant l’environnement familier de la base mais surtout d’aller rendre visite à nos voisins les manchots Empereur. Nous les avons vu arriver en file indienne, puis former des couples, pondre leurs oeufs et laisser les femelles partir chercher de la nourriture en mer. 
La colonie de manchot se trouve tout près de la base ce qui est un atout majeur pour Virgil et Douglas les deux ornithologues qui ont ainsi la possibilité de faire des allers-retours quotidiens et étudier de manière approfondie ces animaux plutôt majestueux et un peu mystérieux.
Ornithologue près de la manchotière


Le mois de juin s’annonce assez mouvementé avec la préparation de la Midwinter. Il s’agit d’une fête traditionnelle en Antarctique qui a lieu, comme son nom l’indique, au milieu de l’hiver, aux alentours du solstice d’hiver (21 juin). Durant toute une semaine, de nombreuses activités sont organisées pour créer une atmosphère joyeuse et festive et casser la routine au moment le plus difficile de l’hivernage, moment où chacun peut commencer à fatiguer un peu et où l’ensoleillement minimal perturbe un peu nos organismes. Le travail non urgent est reporté à plus tard.
 Mais cette fête commence un peu dès début juin avec une période de campagne électorale pendant laquelle des volontaires se présentent pour le poste de OnzTA, remplaçant officieux du Dista durant la Midwinter. Mais ceci est une autre histoire qui sera racontée plus tard!



Je vous laisse sur ces quelques photos pour tenter de partager avec vous (même s’il m'est impossible de rendre parfaitement les couleurs et le ressenti) ce qui à mon sens est le plus agréable en Antarctique: les paysages magnifiques qui chaque jour diffèrent au gré de la lumière et de la météo...

Aurore australe au dessus de la piste du Lion

Couchers de soleil sur la banquise

Lumière du soir sur Berg

Coucher du soleil depuis le Lion

Lever de lune au dessus du glacier de l'Astrolabe de bon matin






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